
Joyau du sentier planétaire, la "Grande couronne de Zinal" : Weisshorn, Zinalrothorn, Obergabelhorn, Cervin, Dent-Blanche
Promenade sur le sentier planétaire de Tignousa
"...On se mit d'accord sur la philosphie de base.
Les constructions à venir devaient s'intégrer harmonieusemet dans ce
site aussi superbe que sensible. Le chemin à parcourir serait suffisant
pour procurer une agréable balade, sans toutefois décourager l'amateur
par sa longueur. Ludique, esthétique , éducative, sportive, telle serait
sa vocation. L'hôtel Weisshorn était incontournabe,mais on voulait
inciter les furturs promeneurs à s'engager plus profondément dans la
vallée. Là où elle s'ouvre, les montagnes d'Anniviers éclatent en effet
en une multiple spendeur..."
Jean-Claude Pont, Halley St-Luc, éditions Porte-Plumes
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27 juin 2005, le soleil est au rendez-vous, la journée s'annonce splendide. Elle le sera.
Le funiculaire de 09'30 heures nous transporte rapidement et sans fatigue de Saint-Luc (1680 m), à Tignousa (2200 m), point névralgique des installations des remontées mécaniques. Après un bon café, servi au restaurant par Sébastien, nous nous dirigeons, en contrebas de l'observatoire François-Xavier Bagnoud , vers notre première "station", le Soleil.
Jean-Marc s'empresse d'ajuster le grand cadran solaire analemmatique. Quelques calculs correctifs plus tard, nous partons rassurés : nos montres sont à l'heure!
Le sentier, bucolique, prêterait à la flânerie. Mais, tels des héros
de films de science-fiction, nous nous affranchissons allègrement des
limites de la physique : A trois fois la vitesse de la lumière, nous
avons tôt fait de quitter la banlieue solaire laissant derrière nous Mercure, Vénus, Terre et Mars
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Mars
Le sentier planétaire en résumé |
Inauguration |
1979 |
Départ |
Tignousa |
Longueur |
6 km |
Dénivellation |
env. 200 mètres |
Echelle des distances |
1 mètre = 1 million de km |
Echelle des dimensions |
1 mètre = 100'000 km |
Accès par le funiculaire Saint-Luc Tignousa
Retour par le même chemin.
On peut aussi redescendre directement sur Saint-Luc à partir de l'hôtel Weisshorn ou du Chiesso de Touno.
Il est aussi possible de descendre sur Ayer en passant par le Chiesso de
Nava ou alors de continuer jusqu'à Zinal par le sentier le la course
(env. 7km). |
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Joubarbe des montagnes
Sitôt Mars dépassé, le sentier planétaire rejoint le chemin, légèrement descendant, qu'emprunte la mythique course Sierre-Zinal. Entre forêt clairsemée et alpage, il épouse les reliefs parmi les mélèzes et les aroles.
Joubarbes, campanules,
épervières ou gentianes apportent à la verdure leurs touches colorées.
Au passage des torrents des colonies de petits papillons bleus ou bruns
disputent le passage au promeneur. A la sortie d'un bois apparaît la
massive Jupiter, juchée sur son promontoire.
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Gentiane Champêtre |
Jupiter |
Puis la route s'élève légèrement pour atteindre le Chalet Blanc, nom
donné au bâtiment principal (Chiesso) de l'alpage de Roua sur le
territoire duquel se situe la quasi totalité du sentier planétaire.
Résultant de la réunion des anciennes "montagnes" de Roua et de Touno
(eh oui là aussi on fusionne!), Roua accueille 140 vaches durant la
saison d'été.
A l'époque plus de 300 têtes de gros bétail se répartissaient entre les
deux alpages. C'est au "Chiesso" qu'étaient affinés les fromages,
fabriqués sur place ou bien dans une des nombreuses "rémointzes" ou
"tzigères" répartis dans la montagne au gré des "remuages" du troupeau
en quête d'herbage. Ces abris rustiques aux nom chantant comme Tignousa,
Garboula, La Coha, Armina, La Zourra, Les Vigivis sont entourés d'un
enclos aux épais murs de pierres dans lequel le troupeau se rassemblait
pour la traite ainsi que pour la nuit. Beaucoup de ces lieux, devenus
inutiles, tombaient en ruines faute d'entretien. Plusieurs ont été
restaurés par des particuliers qui en ont obtenu jouissance pour
quelques décennies.
La dure vie des pâtres, régie par des règles strictes, laissait peu
de place à l'improvisation. Le chef fromager, appelé "maître" régnait au
sommet d'une hiérarchie ou chacun avait un rôle bien défini. Au
"maître" incombait la responsabilité de la fabrication et de l'affinage
du fromage. Le vacher ou "vili" arrivait au second rang. Avec son aide,
le "dolen", il devait assembler le troupeau pour les traites et le
conduire sur les lieux de pâturage en veillant bien à en tirer le
meilleur profit en fonction de l'altitude, de la saison et de
l'exposition. Au "pâtre" revenait la confection du sérac et bonne tenue
du chalet.
Le "muletier"assurait les transports alors que le "maio", encore
adolescent, s'occupait des cochons.
Du Chalet Blanc, le chemin plonge en direction d'un petit plateau
accueillant sur lequel quelques tables et bancs en bois massif invitent
le promeneur à la pause. Juste en contrebas trône Saturne.
Vous avez le bonjour de la reine
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La route remonte ensuite en pente douce, suivant la limite de la
forêt, pour atteindre le Chiesso de Touno, aujourd'hui désaffecté, au
milieu d'un paysage à la beauté saisissante. Ici les arbres se font
rares, les mélèzes ont disparu. Seuls les aroles s'accrochent encore aux flanc des moraines.

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A proximité nous atteignons Uranus
posé sur un rocher contre lequel est fixée la plaque signalétique
reproduite ci-contre. On trouve un affichage analogue pour chaque
planète.
Le Touno, c'est aussi le nom de la montagne qui culmine à 3017 et
dans les éboulis de laquelle le chemin doit ensuite se frayer un
passage. Alors que nous nous y engageons, nous sommes accueillis par les
cloches du troupeau pâturant parmi les roches éparses. Curieuses,
certaines vaches nous regardent passer comme si nous étions un train,
d'autres, indifférentes, continuent à brouter avec application.
Après la traversée d'un petit pont de bois, le sentier oblique à
droite et devient pentu, bordé de petits saules. Puis, avec l'altitude,
seuls quelques aroles maigrichons s'accrochent à la vie et à la pente.
La prairie elle reste riche. Mais la fleur de la gentiane pourpre,
presque fanée à Tignousa, n'est pas encore ouverte dans les environs de Neptune qui trône sur une petite colline proche de l'hôtel Weisshorn.
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Neptune |
Gentiane pourpre |
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Sur la bosse voisine, une surprise nous attend, cachée sous une
bâche. Nous glissons un oeil intéressé par une ouverture que d'autres
curieux ont déjà pratiquée et découvrons une petite partie, la pierre
centrale, de l'oeuvre délirante que Jean-Marie Grand a créée pour
immortaliser la comète
de Halley. C'est à l'occasion de son inauguration dans le brouillard
que la photographie ci-contre a été prise le week-end suivant. L'objet
est destinée à suivre la course de la comète dans le système solaire. On
en prévoit donc le déplacement, festif, à intervalle régulier. C'est
pourquoi son concepteur a pris soin de la doter de roues. Mais comme
tout le monde le sait, les "remuages" se font à pied dans le val
d'Anniviers, les roues ne tournent donc pas, elles sont fixes...
Rendez-vous pour le prochain déplacement.
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Construit en 1882 par des Anglais à 2337 mètres d'altitude, l'hôtel Weisshorn
a subi les vicissitudes de l'histoire. A peine sa construction
était-elle terminée qu'un incendie ravagea complètement en 1889, son
unique étage de bois.
Les pionniers ne se laissèrent pas abattre : En 18891 déjà, le nouvel
hôtel est inauguré, dans sa forme actuelle. En 1990, la toiture
emportée par l'ouragan Vivian sera remplacée.
Parfaitement visible depuis Saint-Luc l'hôtel est l'un des buts favoris
des randonneurs en provenance de la station ou de Tignousa, attirés,
entre autre, par sa tarte aux myrtilles. C'est aussi une halte quasi
obligée sur le chemin des planètes. On y accède à pied en été, en
raquette ou en peau de phoque l'hiver.
Nouveau changement de direction. Le sentier étroit s'engage sous la
Pointe de Nava. La pente devient raide, le paysage minéral, éclairé ça
et là par des touffes de campanules d'un bleu
violet éclatant. Notre contemplation est soudain interrompue par un
chuintement caractéristique : c'est un planeur en virage serré,
disputant les ascendances à quelques choucas noirs au bec jaune.
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Nous atteignons bientôt le point culminant de notre excursion, à plus de 2400 mètres et, en contrebas, apparaît Pluton,
étape ultime du sentier planétaire. Sous l'aile de l'immense oiseau
métallique, tenant dans son bec la minuscule planète, nous nous
accordons une pause en admirant la nature environnante.
Plus bas se dresse un observatoire de la faune, érigé par la Diana
d'Anniviers. Mais les heures chaudes du milieu de journée ne sont pas
les plus propices. Nous ne verrons aujourd'hui ni cerfs, ni chevreuils,
ni chamois.
La piste tracée dans la pente, pour l'édification des
ouvrages paravalanches protégeant le hameau de Mission, nous permet de
rejoindre ensuite rapidement le Chiesso de Nava où nous attend notre voiture.
Jacques Zufferey et Jean-Marc Fasmeyer avec le concours de Louis Salamin et Louis Epiney
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